mardi 6 mars 2012

Le retour de Vladimir Poutine

Le 4 mars 2012, Vladimir Vladimirovitch Poutine fut élu président de la Fédération de la Russie avec 63,6% des voix au premier tour pour un mandat de six ans. L'homme fort du Kremlin a donc repris le poste qu'il avait occupé quatre ans auparavant après l'intermède de son premier ministre Dmitri Anatolievitch Medvedev. 

En 2008, de par la Constitution russe, l'actuel président de Russie ne pouvait briguer un troisième mandat consécutif, ce qui le força à délaisser son poste au profit de son dauphin politique le temps d'un mandat. Après quelques mois d'hésitation à propos de savoir qui représenterait le parti Russie Unie, qui est la principale force politique du pays, Dmitri Medvedev déclara qu'il laissait le champ libre à Poutine pour les élections présidentielles de 2012. Cette même constitution stipule aussi que ses élections doivent se tenir à date fixe.
 
Voulant que son élection soit la plus transparente possible, l'homme fort du Kremlin a mis en place une série de mesures afin que personne ne puisse mettre en doute sa légitimité. Tout d'abord, chacun des 90 000 bureaux de vote étaient munis de caméras afin de permettre une surveillance accrue des boites de scrutin. Au total, c'est plus de 180 000 webcams qui ont été installées à travers le plus vaste pays du monde. Toutes ces caméras étaient reliées à internet et étaient accessibles à toutes personnes se connectant au site web officiel pour suivre le scrutin, en temps réel, en ligne.
 
Aussi, pour permettre à un maximum de gens de voter, un système de vote "délocalisé" fut mis en place. Les personnes ne pouvant se présenter au bureau de vote où elles étaient enregistrées le jour du scrutin pouvaient aller le faire en demandant une dérogation trois jours à l'avance. Ces noms étaient ensuite enregistrés dans un registre complémentaire.
 
Les électeurs russes avaient le choix entre cinq candidats, ce qui est beaucoup plus que les États-Unis qui se targuent d'être une démocratie exemplaire avec ses deux candidats possibles. Le plus proche rival de Vladimir Poutine fut le communiste Guennadi Ziouganov qui ne récolta que 17,2% du suffrage exprimé soit trois fois et demie moins que le vainqueur de l'élection. Sans compter que la région où Poutine fit son plus mauvais résultat fut Moscou, où il récolta quand même 49% des votes. Donc, même si quelques irrégularité ont été déplorées ici et là à travers le pays, le candidat de Russie unie a récolté une très large majorité des appuis au quatre coins du pays.
 
Alors parlons en des critiques faites envers la réélection du président de la Russie. Plusieurs observateurs ont mis de l'avant les nombreuses manifestations sans précédent contre le pouvoir qui ont eu lieu quelques temps avant la tenue du scrutin présidentiel. Bien qu'il est vrai que c'était la première fois que les Russes descendaient dans les rues en si grand nombre pour contester l'ordre établi, cela ne fait pas de la Russie un pays moins démocratique pour autant. Ici même, les Québécois sont descendus par centaine de milliers dans les rues de Montréal le printemps dernier pour dénoncer les agissements de l'ancien premier ministre du Québec Jean Charest et cela ne fait pas du Québec une dictature. 
 
De plus, certaines personnes ont déploré le fait que plusieurs candidatures n'ont pas été prises en compte lors du scrutin. Cette situation a été causée par les règles strictes qui encadrent les mises en candidature. Les candidats potentiels devaient récolter deux millions de signatures réparties à travers les 83 régions administratives russes. Toutefois, il aurait été fort improbable que ces petits candidats aient eu une chance de se faire élire si ils n'ont pas été capable de recueillir le minimum requis par la lois électorale russe.

Or, il se trouve que les qualités de Vladimir Poutine, celles pour lesquelles le peuple russe l'aime, sont souvent prises pour des défauts au yeux des occidentaux. Son style autoritaire et son attitude de vrai mâle fait réellement mouche chez une majorité de Russe. L'idée d'avoir une homme fort à la tête du pays, le tenant avec une pogne de fer, et étant capable de rétablir l'ancienne grandeur de la Russie plait et lui a apporté énormément d'appuis. C'est pourquoi les Russes lui ont toujours donné un taux de satisfaction minimum de 60% depuis 2000. Bref, les gens l'aiment. 

En somme, le peuple russe est encore à apprivoiser la démocratie à l'occidentale, 500 ans de tsarisme et 70 ans de communisme ne s'efface pas des mœurs politiques du revers de la main. Toujours est-il que la Russie a fait des pas de géant ces vingt dernières années afin d'assainir son système démocratique et nous pourrons sûrement constater les progrès lors de la prochaine élection de 2018.

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