mardi 10 janvier 2017

Le Canada face au terrorisme

Depuis les événements du 11 septembre 2011, la lutte au terrorisme a pris une place prépondérante dans les mandats des différents organes de sécurité occidentaux. Au Canada, nous avions l'impression d'être à l'abri ou du moins ne pas être spécialement visés par les groupes terroristes jusqu'à ce que les événements de Saint-Jean-sur-Richelieu et ceux d'Ottawa ne nous ramènent à la réalité.

Le Canada est ciblé par des groupes terroristes et il est vulnérable à ses attaques. Leurs objectifs sont bien simples, faire le plus grand nombre de victimes et que l'événement soit le plus spectaculaire et médiatisé possible. Nous pouvons aussi noter que les cibles choisies ont rarement une importance stratégique ou tactique et qu'il s'agit plus souvent de cibles symboliques qui frappent l'imaginaire. À l'heure actuelle, la Gendarmerie royale du Canada considère le terrorisme, au pays et à l'étranger, comme la plus grande menace à la sécurité nationale.
 
Bien que les Canadiens n'ont pas été souvent victimes du terrorisme islamique avant les événements d'Ottawa et de Saint-Jean-sur-Richelieu, ils en ont connu de nature différente. Nous pouvons penser aux attentats perpétrés par le FLQ dans les années 1960 et au début des années 70 ainsi que celui perpétré contre le vol 182 d'Air India qui a fait 329 victimes, dont 278 Canadiens, en juin 1985. À l'heure actuelle, les différents organes de renseignements canadiens considèrent que les principales menaces contre le Canada viendraient d'Al-Qaïda et ses groupes affiliés comme l'AQPA et l'AQMI, le Hezbollah, le groupe armé État islamique, le groupe somalien Al-Chabaab ainsi que les groupes extrémismes nationalistes. 

Plus près de nous, au Québec, près de 40 personnes seraient sous surveillance policière pour cause de terrorisme, soit plus du tiers des Canadiens dans la mire des policiers. Juste au SPVM, 90% des effectifs affectés au renseignement sont consacré à la menace terroriste. Du côté de la Sureté du Québec, 21 agents à temps plein traquent les menaces terroristes de type djihadiste.

La radicalisation des individus semble être une des principales menaces à la sécurité nationale du pays. En effet, la situation géographique du Canada le rend peu vulnérable à des attaques terroristes venant de l'extérieur et les récents attentats semblent montrer que le processus de radicalisation s'est fait au pays. Or, il peut être très difficile de cerner cette menace avant qu'il ne soit trop tard. La radicalisation se faisant par les moyens les plus divers : internet, littérature, télévision, famille ou au contact de leader charismatique. 

De plus, il peut être difficile de dessiner un portrait type de la personne susceptible de se radicaliser, ce qui en fait une menace difficile à repérer. En effet, ces individus proviennent de divers groupes d'âge, ont des classes sociales variées et ont un niveau de scolarité qui varie selon les individus. Toutefois, s'il fallait absolument esquisser un portrait type de l'individu susceptible de se radicaliser, il s'agirait d'un jeune homme, pas marié et sans enfants qui est en quête d'identité et qui vit un sentiment d'oppression.
 
Une particularité canadienne qui semble se confirmer depuis ces dernières années est le fait que des Canadiens voyagent à l'étranger afin de participer à des activités terroristes, notamment en Irak et en Syrie. Leurs activités ne se limitent pas au combat, mais incluent aussi la collecte de fonds, la formation et la propagande comme par exemple la vidéo mettant en vedette John Maguire, un jeune Canadien ayant rejoint le groupe État islamique, qui invite les musulmans à faire le djihad à l'étranger ou au Canada. En plus de mettre de nombreuses vies en danger, ces individus nuisent à la réputation du Canada à l'étranger. Le Gouvernement du Canada sait qu'environ 80 personnes ont voyagé à l'étranger pour différentes raisons liées aux activités terroristes.

Bien que plusieurs d'entre eux ne reviennent jamais au pays parce qu'ils ont été tués lors de combats à l'étranger, certains reviennent et peuvent devenir de réelle menace à la sécurité des Canadiens et Canadiennes. Ils sont généralement bien entrainés et encore plus radicalisés qu'auparavant, ils peuvent aussi avoir eu diverses formations comme par exemple en fabrication de bombes artisanales. Ces individus ayant connu l'expérience du terrain peuvent aussi devenir des modèles ou des mentors pour des personnes qui songent aussi à partir à l'étranger afin de perpétrer des actes terroristes. Dans d'autres cas, il s'agit de personnes qui reviennent au pays après avoir été déçues de l'expérience parce que les conditions de vie des combattants sont très difficiles ou que ces personnes ont déchanté en voyant le vrai visage de l'organisation. Dans ces cas, les individus sont relativement moins dangereux et ils ne constituent plus une menace immédiate à la sécurité du Canada. 

Pour répondre à la menace, le gouvernement du Canada a entrepris diverses actions afin de contrer le danger lié au terrorisme. Il y a eu d'abord la création du Centre intégré d’évaluation des menaces (CIEM) en 2004 qui fut rebaptisé en 2011 Centre intégré d’évaluation du terrorisme (CIET) qui analyse les renseignements recueillis par les différents organes de renseignements canadiens et évalue l'évolution de la menace terroriste au Canada et à l'étranger. 

De plus, le projet de loi C-51 permettra de faciliter l'échange d'informations entre une centaine d'organismes gouvernementaux afin de répondre plus facilement et rapidement aux potentielles menaces à la sécurité du Canada. De surcroît, le gouvernement canadien a augmenté les effectifs de plusieurs organismes de sécurité comme par exemple au SCRS qui recrute plusieurs agents de renseignements présentement et le Centre de la sécurité des télécommunications, CST, qui inaugure ses nouveaux locaux d'une superficie de 72 000 mètres carrés au coût de 4,1 milliards de dollars sur 30 ans.

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